Santé et sécurité au travail

La pyramide des risques expliquée

Comment utiliser cet outil pour évaluer et améliorer la santé et sécurité au travail

7 minutes14/04/2022

Est-il important de signaler les presqu'accidents pour la santé et la sécurité au travail ? La pyramide des risques, qui décrit la relation entre la gravité et la fréquence des accidents, en est un clair exemple. Elle met en évidence les liens et le rapport entre les accidents mortels ou graves, les accidents mineurs et les presqu'accidents. C’est une démonstration catégorique de l’importance d’avoir une approche holistique en matière de gestion des incidents. Pourquoi ? Parce que la forme de triangle n’est pas un hasard : dans la plupart des cas, les accidents graves ne sont que la pointe de l’iceberg. Lorsqu’on examine la situation globale, c’est-à-dire en prenant en compte les presque accidents et les comportements à risque, on peut identifier des axes d’amélioration susceptibles d’avoir un impact profond. Dans cet article, nous allons décrire les différentes pyramides des risques qui existent et expliquer comment elles peuvent vous aider à évaluer de manière efficace les indicateurs de performance sur les accidents et à définir des objectifs pour améliorer la sécurité au travail. 

La loi de Heinrich et la pyramide des risques

Pour bien comprendre comment fonctionne la pyramide des risques et ce qu’elle représente, il faut s’intéresser à ses origines. En 1930, Herbert W. Heinrich a mené des recherches empiriques sur la sécurité au travail. Il a analysé 550 000 accidents survenus dans des milieux industriels aux États-Unis et il a constaté que le rapport entre les accidents graves, les accidents mineurs et les presque accidents était presque toujours le même. Pour chaque accident grave (blessure grave ou mort), on avait 29 accidents mineurs et 300 presque accidents. Ce rapport « 1-29-300 », dénommé la loi de Heinrich dans les revues savantes, était souvent représenté sous la forme d’un triangle, ce qui permet de d’avoir un aperçu de la fréquence relative de chaque type d'accident. 

Évolutions et adaptations à la sécurité au travail actuelle

Quatre-vingt-dix ans sont passés depuis l’analyse de Heinrich et, pendant ce temps, la santé et la sécurité au travail a évolué dans tous les aspects, tout comme la pyramide des risques. Un des ajouts les plus importants a été apporté par Frank E. Bird qui a ajouté un quatrième niveau à la pyramide. Bird a distingué les accidents mortels des accidents provoquant des blessures graves et entraînant une perte de temps de travail pour avoir un aperçu plus nuancé de la gravité des accidents tout en haut de la pyramide. 

Plus tard, en 2003, ConocoPhillips a présenté une nouvelle pyramide des risques incluant un nouveau niveau en bas de la pyramide, à savoir les comportements à risque. 

Le rapport de la pyramide des risques dans la pratique

Les trois pyramides montrent clairement que la réduction du taux d’accidents mineurs et du taux de presqu' accidents a un impact direct sur le taux d’accidents graves. On peut réduire la probabilité qu’un accident grave ou mortel se produise en examinant les taux des niveaux inférieurs de la pyramide et en utilisant les leçons tirées pour améliorer la santé et la sécurité en général. Cela met en évidence l’importance de développer une culture de l’échec et du retour d’expérience. Toutefois, un petit nombre de presqu'accidents signalés ne veut pas forcément dire qu’il y a eu peu d’accidents. Cela s’explique par le fait que, lorsque l’on regarde la probabilité statistique illustrée dans la pyramide des risques, les presqu'accidents et les incidents liés à la sécurité n’ont tout simplement pas toujours été signalés. 

Lorsque vous choisissez vos indicateurs de performance en matière de gestion des incidents, vous devez vous concentrer non seulement sur les accidents graves en haut de la pyramide mais aussi sur le taux de presqu'accidents et sur le taux d’accidents mineurs qui se sont produits au sein de votre entreprise. Dans quelle mesure les taux de votre entreprise correspondent à ceux de la pyramide des risques ? Que peut-on en déduire ? En règle générale, plus la pyramide est « aplatie », mieux c’est. Cela signifie que les signalements et le nombre de comportements à risque ou de presqu'accidents doivent être bien supérieurs au nombre d’accidents graves ou mortels. Cela veut dire non seulement que les processus de travail sont sûrs mais qu’il y a une culture positive au sein de l’entreprise. 

Conseils pratiques pour augmenter le nombre de presqu'accidents signalés

La pyramide des risques met en évidence qu’il est fondamental pour les responsables de la sécurité que la plupart des presque accidents soient signalés. Toutefois, un sondage LinkedIn , a révélé que 56 % des personnes interrogées affirment qu’il est « très difficile » de parvenir à ce que les employés signalent ouvertement les presque accidents. Compte tenu de cela, comment peut-on surmonter cet obstacle et obtenir plus de données sur les presque accidents ? 

Faites en sorte que les employés puissent signaler facilement un accident ou une situation à risque. Supprimez tous les obstacles en adoptant des technologies simples et efficaces qui nécessitent peu ou pas de formation. Ensuite, encouragez les employés à utiliser le nouveau système de signalement. 

Vous devez fournir des mesures incitatives tout en expliquant clairement que vous n'atteindrez votre objectif concernant les presque accidents signalés que si tout le monde s’implique. On met ainsi plus de pression sur les employés plus passifs. Offrez des avantages aux employés qui signalent le plus les situations dont ils sont témoins. Utilisez différents canaux de communication, comme les emails, le logiciel QHSE, les tableaux d’affichage, l’intranet et les réseaux sociaux de votre entreprise. Veillez à communiquer vos messages de manière cohérente et incluez-les dans l'ordre du jour des réunions pertinentes. 

Pour mesurer l’efficacité des signalements des presqu'accidents il est préférable d’utiliser des indicateurs positifs plutôt que des indicateurs de performance négatifs. Vous pouvez par exemple commencer par regarder le nombre total d’presque accidents signalés par personne et par an. En fonction de la culture de sécurité actuelle de votre entreprise, il peut être réaliste de fixer comme objectif initial un nombre de signalements par personne et par an compris entre 1 et 10. 

Si votre initiative fonctionne bien et qu’un grand nombre de situations sont signalées, vous serez en mesure d’apporter une réponse rapide. Vous ne devez pas forcément vous charger de fournir personnellement un retour d’expérience mais vous devez veiller à ce qu’il y en ait un. Pour cela, le plus facile est d’utiliser un logiciel QHSE  qui traite aussi bien les processus de retour sur expérience que les actions de suivi. Si les employés s’impliquent et que, ensemble, vous atteignez vos objectifs, il est important de communiquer et de célébrer cette réussite. Enfin, n’oubliez pas de fixer des objectifs plus ambitieux pour l'année suivante. Après tout, chaque ligne d’arrivée est le début d’une nouvelle course. 

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